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Les annonces s’accélèrent en cette fin d’année. Et, mises en perspective, elles dessinent les lignes de force de la transformation du luxe à venir en 2026. Entre recomposition des groupes, émergences de nouveaux centres de pouvoir culturel et pression accrue sur la gouvernance, ces signaux racontent le basculement du luxe. Et l’industrie doit désormais concilier désirabilité culturelle, excellence opération avec une cohérence de communication à l’échelle globale.
Voici les dix informations de la semaine sélectionnées par la rédaction des Carnets du Luxe.
Netflix rachète Warner Bros : le règne sans partage de l’Entertainment
Le rachat de Warner Bros par Netflix pour 72 milliards de dollars marque un tournant historique. Netflix s’empare ainsi d’un patrimoine culturel d’un siècle de cinéma et télévision. Et la plateforme s’impose comme l’acteur narratif dominant de l’ère post-hollywoodienne. Le communiqué l’annonce clairement : Ensemble, nous allons définir le prochain siècle du storytelling ».

Le pouvoir culturel se concentre désormais entre les mains des plateformes globales. Pour le luxe, c’est un changement de terrain de jeu. L’écosystème qui fabrique les mythologies contemporaines n’est plus la mode, mais le divertissement. Et les marques vont devoir s’adapter pour rester pertinentes et visibles.
Départ de Dario Vitale et rachat de Versace : un repositionnement accéléré
Le départ soudain de Dario Vitale soulève des questions sur la vision créative à long terme. Il intervient seulement deux jours après la finalisation du rachat de Versace par le groupe Prada. Et il devient urgent pour le groupe italien d’amorcer un repositionnement stratégique de Versace.
Parmi les priorités : renouer avec une esthétique forte, retrouver de la cohérence dans l’image, et réactionner la désirabilité de l’ADN Versace auprès de la clientèle internationale.
Pour une analyse complète, consultez notre article sur le départ de Dario Vitale de Versace.
Harrods s’associe à Rolex autour de la seconde main de luxe
Harrods intègre officiellement le programme Rolex Certified Pre-Owned (CPO). Il s’agit d’un positionnement offensif sur le marché du luxe d’occasion.
En proposant des modèles authentifiés, révisés et garantis deux ans, Harrods capitalise sur la demande croissante pour des pièces horlogères patrimoniales. Car ces montres intéressent notamment un public jeune en quête d’articles rares et authentiques. La seconde main n’est plus un marché opportuniste : elle devient un pilier stratégique de l’horlogerie.
Armani : L’Oréal et EssilorLuxottica préparent leurs options
L’Oréal confirme s’intéresser activement à une entrée au capital d’Armani. Et en parallèle, EssilorLuxottica envisagerait une participation de 5 à 10 %.
La marque italienne, encore indépendante, attire toutes les convoitises en raison de son potentiel transversal : beauté, eyewear, lifestyle, hospitalité. Ces manœuvres s’inscrivent dans une tendance plus large : la consolidation des “plates-formes de marque”, capables de porter plusieurs segments produits pour mieux capitaliser sur l’attrait du luxe.
Les héritiers d’Armani devront donc décider du futur modèle de gouvernance économique du groupe. Et pour l’instant, la nomination d’un nouveau directeur artistique n’est toujours pas tranchée.
Golden Goose : rachat à l’horizon pour la marque italienne
Le chinois HongShan Capital a formulé cette semaine une offre d’environ 2,5 milliards d’euros pour acquérir Golden Goose. Et il a déjà proposé à Marco Bizzarri (ancien Gucci) le rôle de chairman.
L’objectif : accélérer l’expansion de la marque de sneakers de luxe en Asie, avec un modèle retail intégré. Ce mouvement illustre un pivot clé : les capitaux internationaux ne se contentent plus d’investir dans le luxe européen. Ils cherchent désormais à en devenir les architectes. Une redistribution du pouvoir qui pèsera lourd en 2026.
Italie : enquête sur 13 maisons de luxe autour de la supply chain
Le scandale de la supply chain du luxe italien ne s’éteint pas. Le procureur de Milan ouvre une enquête afin d’évaluer d’éventuelles violations du droit du travail dans des ateliers sous-traitants.
Treize maisons sont visées : Dolce & Gabbana, Versace, Prada, Adidas Italie, Missoni, Ferragamo, Givenchy Italie, Alexander McQueen Italie, Gucci, les manufactures Yves Saint Laurent, Pinko, Coccinelle et Off-White.
Les autorités demandent des documents, notamment les audits internes. Cette affaire rappelle que la chaîne de valeur, souvent invisibilisée, revient au premier plan face aux exigences de transparence et de respect des normes. Et la cohérence opérationnelle devient un critère stratégique autant qu’un impératif éthique.
Swatch & Omega : une montre spéciale pour les jours de neige
Les deux marques s’associent le temps d’une collaboration aussi ludique qu’originale. La MoonSwatch Cold Moon est une montre uniquement vendue les jours où une chute de neige est officiellement enregistrée en Suisse. Un concept de vente sélective qui introduit un principe inédit : la rareté par la météo.
Entre poésie, storytelling et gamification du retail, le modèle illustre une tendance croissante. Il s’agit désormais créer de la désirabilité en orchestrant des conditions d’accès narratives plutôt que quantitatives.

Paris : la joaillerie redessine l’avenue Montaigne
Cartier et Van Cleef & Arpels préparent de nouvelles implantations avenue Montaigne. En effet, les deux maisons devraient prochainement renforcer la présence de la joaillerie dans le Triangle d’Or.
Historiquement, l’avenue Montaigne était une artère du luxe vestimentaire. Et l’arrivée en force de deux nouveaux acteurs joailliers prouve bien les nouveaux rapports de force dans le luxe. La forte résilience de la joaillerie s’incarne dans ces nouvelles ambitions retail. Mais ce mouvement stratégique confirme aussi la forte attractivité de l’avenue Montaigne.
A$AP Rocky devient ambassadeur Chanel
Chanel nomme A$AP Rocky comme nouvel ambassadeur de marque. Un choix qui fait suite à la nomination de Kendrick Lamar comme ambassadeur pour l’eyewear. Le signal est clair : la maison s’adresse à une audience plus jeune, culturellement prescriptrice. Et Chanel cible aussi la clientèle afro-américaine.
Si la maison dément pour l’instant toute création de ligne masculine, la stratégie relationnelle laisse entrevoir un repositionnement plus inclusif et plus en phase avec la scène culturelle contemporaine.
Pantone révèle la couleur 2026 : Cloud Dancer
En 2026, nous verrons la vie en… blanc !
Pantone choisit “Cloud Dancer”, un blanc doux et apaisant, comme couleur de l’année 2026. L’accueil mitigé sur les réseaux sociaux n’efface pas la pertinence sociologique du choix. Car l’année 2025 se referme sur une saturation émotionnelle, un besoin de réconfort et un désir de ralentissement. Le blanc devient donc un refuge symbolique, à l’image d’une époque en quête de respiration.

Conclusion : 2026, l’année de la recomposition globale du luxe
Les dix informations de la semaine convergent vers un même scénario : en 2026, le luxe entrera dans un cycle de recomposition profonde.
- Culturellement, le pouvoir se déplace vers les plateformes et les nouvelles élites.
- Économiquement, les groupes se consolident, les investisseurs asiatiques avancent et les marques doivent clarifier leur identité.
- Opérationnellement, la supply chain devient un enjeu de crédibilité.
- Commercialement, les catégories patrimoniales dominent et l’expérience devient plus narrative, plus contextuelle et plus signifiante.
Le luxe n’est donc plus seulement une industrie du produit ou de l’image. Mais il devient bel et bien un écosystème multipolarisé, plus complexe que jamais.
