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Le groupe de luxe Kering a publié ses derniers résultats financiers hier. Mais le groupe n’a pas attendu les chiffres définitifs pour orchestrer sa relance. Car pour regagner en dynamique, Kering compte bien capitaliser sur ce qui l’a toujours différencié : l’ancrage créatif de ses maisons. Ce qui passe par la mise en avant de leur savoir-faire et de leur artisanat. Et justement, de nombreux signaux créatifs montrent que le groupe a les cartes en main pour rebondir.
Gucci : renouer avec la désirabilité en attendant Demna
C’est la maison la plus observée, et pour cause : Gucci est la locomotive historique de Kering. Mais depuis la crise sanitaire et le départ de son créateur star, Alessandro Michele, la maison peine à réussir sa transition.
La nomination de Demna, transfuge de Balenciaga, à la direction artistique promet un tournant fort. Mais sa première collection n’arrivera qu’en 2026. Alors en attendant, Gucci avance prudemment mais stratégiquement en valorisant ses autres piliers identitaires : ses différents savoir-faire.
Début juillet, la maison a dévoilé sa nouvelle collection de haute joaillerie et d’horlogerie. Elle met en lumière son sens du détail, sa créativité, et bien sûr sa maîtrise artisanale. Des pièces comme les montres ultra-fines Gucci 25H ou les lignes sculpturales de la Marina Chain et des Laririnti Gucci renforcent l’aura de la maison.
Autre signal fort : la collaboration inédite de Gucci avec Pomellato, une autre marque de Kering. Ensemble, elles ont imaginé la collection Monili, qui instaure une synergie originale entre les talents respectifs des deux maisons.
Enfin, Gucci rayonne au-delà de la mode. C’es notamment le cas dans l’univers de la gastronomie avec sa Gucci Osteria étoilée à Beverly Hills. La maison italienne relance aussi ses ambitions en parfumerie. Car au début de l’été, elle a présente une nouvelle fragrance créée en partenariat avec La Vecchia Distilleria, un producteur historique de néroli.
Bottega Veneta : préserver le fil artisanal
Avec le départ de Matthieu Blazy, désormais chez Chanel, Bottega Veneta entre elle aussi dans une nouvelle ère. Mais contrairement à Gucci, la maison peut s’appuyer sur un langage créatif fort. En effet, l’intrecciato, ce tressage de cuir emblématique, demeure l’étendard de son savoir-faire. Et à l’heure où les clientes de luxe recherchent authenticité et artisanat, Bottega Veneta demeure une maison pilier, capable de porter haut la vision du luxe artisanal défendu par Kering.
Reste un défit de taille : préserver cette singularité artisanale sous la nouvelle direction menée par Louise Trotter.
Joaillerie : parier sur l’innovation
Dans un contexte 2025 de ralentissement global du luxe, le marché de la joaillerie fait preuve d’une forte résilience. Et cette catégorie représente une opportunité cruciale pour Kering. Le groupe possède deux marques stratégiques : Boucheron et Pomellato. Et tandis que Pomellato s’adosse à Gucci pour sa dernière campagne, Boucheron joue plutôt la carte de l’innovation.
Ainsi, la dernière collection « Impermanence » pousse l’audace à son sommet avec l’utilisation inédite du Vantablack® en haute joaillerie. La collection Boucheron s’affiche comme une prouesse à la fois créative et technique. Et cette approche expérimentale, portée par Claire Choisne, distingue la maison dans un paysage dominé par Cartier (groupe Richemont) ou Bulgari (LVMH). Le narratif est clair : Boucheron ambitionne de tirer un trait d’union entre savoir-faire artisanal et innovation.
La renaissance de Kering, sous le signe du savoir-faire
Face à des concurrents qui ont mieux géré le rebond post-crise sanitaire, Kering adopte une stratégie de retour aux fondamentaux. Le groupe investit dans une authentique renaissance artisanale. Et Kering cultive l’identité forte de ses maisons pour mieux faire rayonner leurs savoir-faire respectifs. Une stratégie qui tranche avec les relances spectaculaires de ses concurrents, et qui pourraient remporter l’adhésion d’une clientèle en quête de sens.
Autre argument en faveur de Kering : le groupe surfe sur l’ancrage local de ses maisons. Une « italianité » qui devrait encore se renforcer avec l’arrivée du nouveau CEO du groupe, Luca De Meo.