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C’est l’un des éléments les plus reconnaissables de l’architecture de Paris, et il méritait bien qu’on le mette en valeur. En 2019, Constance Fichet-Schulz a choisi de lancer un concept original : redonner vie au zinc haussmannien pour permettre à chacun de s’approprier un morceau de l’histoire parisienne. Dans l’atelier francilien de Toit de Paris, le matériau de construction devient un objet d’exception, entre design, art contemporain et mémoire du patrimoine.
En cette fin d’année, Constance a proposé au street-artiste C215 une collaboration originale autour des grands auteurs français. Le résultat ? Une série limitée qui illustre la rencontre entre création et héritage. Chaque pièce est à la fois un fragment de Paris et le symbole d’un patrimoine qui ne cesse de se réinventer à travers le geste des artisans.
Plus qu’un geste esthétique, le travail de Toit de Paris révèle aussi les attentes de la clientèle d’aujourd’hui. Des objets porteurs de sens, durables, incarnés et capables de faire rayonner le savoir-faire français à l’international. Autant d’aspects de son travail que Constance Fichet-Schulz aborde aujourd’hui pour nous, avec sa vision d’une création engagée et plus que jamais inspirante.
Vous avez fondé Toit de Paris avec l’idée de transformer un matériau du quotidien en objet de culture. Qu’est-ce qui, dans votre parcours, vous a donné envie de bâtir un projet à la croisée du design et du patrimoine ?
Constance Fichet-Schulz : Quand j’étais plus jeune mes parents m’ont rapporté un morceau du mur de Berlin et ça m’a marqué, l’idée d’avoir un morceau d’histoire de la ville, j’ai trouvé cela fascinant. c’est ainsi que Toit de Paris est né.
Mon parcours a toujours été guidé par un intérêt pour l’histoire des villes et pour le design. J’ai voulu créer Toit de Paris en croisant ces deux passions : donner une nouvelle vie à un matériau du quotidien, le zinc, et le transformer en objet de culture.
L’idée était de raconter Paris autrement, en mettant en avant son patrimoine à travers un objet accessible et poétique. C’est cette rencontre entre mémoire, savoir-faire et créativité qui a motivé la naissance du projet.
Le zinc haussmannien est un élément assez paradoxal : c’est une icone de Paris, et pourtant on n’a rarement l’occasion de le voir de près dans la ville. Qu’est-ce qui vous a attiré personnellement dans ce matériau ?
C F-S : Le zinc parisien est fascinant par son paradoxe : il est partout, sur nos toits, et pourtant invisible au quotidien. Ce matériau est à la fois discret et emblématique, il raconte l’histoire de la ville. Ce qui m’a attiré, c’est justement ce potentiel à révéler sa beauté cachée, à le faire redécouvrir et à lui donner une dimension culturelle et artistique. Ce matériau fait de Paris une exception mondial.
Au milieu du XIXe Haussmann choisit le zinc pour ses toitures, un matériau moins cher plus malléable qui permet d’agrandir la surface habitable. C’est ainsi que les « chambre de bonne » sont nées. Il dessine la skyline parisienne et fait partie de son identité mais par dessus tout il met en lumière un savoir-faire reconnu au patrimoine de l’UNESCO.

Concrètement, comment faites-vous pour travailler le zinc ? Et est-ce qu’il y a encore beaucoup d’artisans formés pour ce travail très particulier ?
C F-S : Travailler le zinc demande un savoir-faire très particulier : c’est un matériau vivant, qui nécessite précision et patience. Nous travaillons avec des artisans spécialisés, formés aux techniques traditionnelles de pliage et de soudure, mais ce savoir-faire reste rare et précieux. Chaque pièce est le résultat d’une collaboration entre expertise technique et sensibilité artistique.
Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec C215. C’est un artiste emblématique du street art, alors comment s’est opérée la rencontre entre le savoir-faire artisanal de votre atelier et son regard d’artiste contemporain ?
C F-S : Travailler avec C215 a été un véritable échange entre deux univers : celui de l’artisanat et celui du street art. Pour notre toute première collaboration Toit de Paris avec l’artiste C215, après des semaines de conception et d’imagination, la voir concrétisée a été un moment très émouvant.
À chaque fois, nous repoussons le design et les techniques d’impression sur un matériau vieux de plus d’un demi-siècle pour offrir des œuvres originales qui raconte Paris et ses figures emblématiques. Pour cette édition exclusive, nous avons choisi les icônes de la littérature contemporaine d’Haussmann : Victor Hugo, Charles Baudelaire et Arthur Rimbaud.

Un coffret collector qu’on a réussi à faire à temps pour les fêtes ! En édition limitée seulement 30 par auteur Toute signée et numérotée de la main de l’artiste. La rencontre a été organique : nous avons adapté nos techniques pour traduire sa vision tout en respectant la matière et le geste artisanal.
Comme vous le précisez, la série limitée rend hommage à Victor Hugo, Baudelaire et Rimbaud. Vous pouvez nous expliquer plus précisément comment est née l’idée de cette série littéraire ?
C F-S : L’idée de rendre hommage à Victor Hugo, Baudelaire et Rimbaud est née de notre volonté de lier patrimoine matériel et patrimoine immatériel. Ces écrivains incarnent Paris et la poésie du quotidien, tout comme le zinc incarne l’architecture haussmannienne. Cette série littéraire est une manière de célébrer la culture parisienne sous toutes ses formes, en mêlant mots, histoire et matière.
Aujourd’hui, les créations de Toit de Paris s’exportent partout dans le monde, de l’Asie aux Etats-Unis. Votre projet a vraiment trouvé un écho avec une audience large. Comment envisagez-vous l’avenir ?
C F-S : Le fait que nos créations voyagent à travers le monde est très gratifiant. Cela montre que l’histoire et l’artisanat parisiens touchent un public large, sensible aux objets qui ont du sens et racontent une histoire. Pour l’avenir, nous souhaitons continuer à explorer de nouvelles collaborations artistiques, à valoriser le patrimoine et à inventer des objets qui mêlent innovation, artisanat et poésie, tout en restant fidèles à l’identité de Toit de Paris.
