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Moins de 48 heures après la finalisation du rachat de Versace par le groupe Prada, Dario Vitale quitte ses fonctions de directeur artistique. Un départ officialisé comme “d’un commun accord”, mais qui révèle en réalité les tensions esthétiques et financières autour de la première collection du créateur italien. En parallèle de l’arrivée de Lorenzo Bertelli à la gouvernance de la maison, c’est un véritable reset stratégique qui s’opère.
Dario Vitale, première victime collatérale du rachat
Le calendrier est implacable. Deux jours après la finalisation du rachat de Versace par le groupe Prada, la maison annonce le départ de Dario Vitale. Le créateur n’aura signé qu’une seule collection pour Versace. Elle avait été présentée à Milan le 27 septembre dernier, et accueillie avec une certaine défiance.
Car cette collection printemps/été 2026 concentrait de multiples enjeux. Il s’agissait de la première collection post-rachat. Mais aussi du premier exercice créatif confié à un designer extérieur à la famille Versace. La collection devait concilier l’héritage baroque de la maison avec une modernisation nécessaire. Or, dès le défilé printemps-été 2026 de Versace, le décalage entre ambition et exécution est clairement apparu. Les fans ont dénoncé une dilution de l’ADN Versace. Certains acheteurs se sont interrogé sur la viabilité commerciale d’une proposition perçue comme trop conceptuelle, trop “Prada”. Où était donc passé le glamour de Versace ?
Officiellement, Dario Vitale et Versace se séparent d’un commun accord. Mais la question se pose : qu’en est-il réellement des pré-commandes de la collection 2026 ? Difficile d’imaginer que de bonnes prévisions de ventes aient poussé le directeur artistique vers la porte. Cette information n’a, à l’heure actuelle, pas été communiquée par Versace.
Le groupe Prada à la manœuvre pour revoir la gouvernance de Versace
Dario Vitale part au moment même où l’organisation interne se redessine. Lorenzo Bertelli, fils de Miuccia Prada, prend officiellement ses fonctions d’executive chairman de Versace. Une nomination qui signale clairement la volonté du groupe d’exercer un contrôle direct sur la gouvernance de la maison.
Bien que le rôle ne soit pas créatif, il s’agit d’une position centrale. Car la mission de Bertelli sera d’aligner Versace sur la stratégie globale du groupe, d’orchestrer sa transformation. L’enjeu est aussi de clarifier son positionnement dans un marché secoué par la polarisation entre quiet luxury et glamour spectaculaire.
Cette prise en main soulève une question majeure : Prada va-t-il chercher à lisser l’image de Versace pour l’intégrer plus étroitement à son portefeuille ? Ou au contraire restaurer l’exubérance qui a fait la légende de la maison ? Les signaux envoyés par la première collection de Vitale laissaient craindre la première option. Et c’est probablement ce qui a cristallisé le rejet d’une partie de la clientèle historique.
En attendant la nomination d’un nouveau directeur artistique, c’est le CEO Emmanuel Gintzburger qui pilote le studio de création. Une décision rare dans une maison de cette envergure, et qui souligne la période d’intérim délicate qui s’ouvre.
Versace face au quiet luxury : quel avenir créatif pour la maison ?
Le départ de Vitale met en lumière un paradoxe majeur. Depuis plusieurs saisons, le quiet luxury impose ses codes : minimalisme, intellectualisation, sobriété statutaire. Une tendance qui a propulsé certaines maisons vers une croissance record… et en a laissé d’autres sur le bord du chemin, notamment Balmain dont les ventes en berne ont entraîné le départ d’Olivier Rousteing. Versace, connue pour son énergie émotionnelle, sa théâtralité et son glamour incandescent, se trouve elle aussi à contre-courant.
Dans cet environnement, la maison doit à la fois préserver son identité flamboyante et séduire une génération acquise à l’élégance minimaliste. Trouver le point d’équilibre n’a rien d’évident.
La mission du futur directeur artistique sera donc double : réactiver le pouvoir iconique de Versace sans ignorer les attentes d’une clientèle en quête de sophistication plus retenue. Un défi créatif, mais aussi financier, tant la stabilité de la maison dépend désormais d’un repositionnement solide au sein du groupe Prada.
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