|
|
|
|
Mardi 14 décembre, Chanel a annoncé la nomination de Leena Nair au poste de PDG. Dès fin janvier 2022, elle succèdera à Alain Wertheimer, le co-propriétaire de Chanel, qui assumait le rôle de PDG depuis le départ de Maureen Chiquet, en 2016. Avec cette nomination, une nouvelle ère s’ouvre pour la maison de la rue Cambon. Car tandis que la polarisation de l’économie du luxe tend à se renforcer, Chanel va devoir relever plusieurs défis dans les années à venir pour maintenir son indépendance.
Alain Wertheimer cède sa place de PDG
« Je me sens tellement inspirée par ce que représente Chanel. C’est une compagnie qui croit en la liberté de création, au fait de cultiver le potentiel humain et d’agir pour avoir un impact positif sur le monde. » La première déclaration de la nouvelle PDG de Chanel s’est faite sur Twitter. Et elle a immédiatement suscité l’enthousiasme des commentateurs. Ce nouveau recrutement à la tête de Chanel a presque valeur de promesse. En choisissant Leena Nair comme PDG, la maison Chanel affiche une ambition claire : elle veut répondre aux challenges actuels de l’industrie du luxe.
Depuis 2016 et le départ de Maureen Chiquet, Alain Wertheimer avait repris les rênes de Chanel. La maison, qui communique peu sur sa stratégie, n’avait pas abordé la question de l’éventuel recrutement d’un nouveau PDG. Alain Wertheimer, qui possède Chanel avec son frère Gérard, demeurera toutefois actif dans la direction de Chanel. Il assurera désormais le rôle de président exécutif mondial.
Leena Nair : qui est la nouvelle PDG de Chanel ?
Le nom de Leena Nair n’est pas connu de l’industrie du luxe. Et pour cause, la nouvelle PDG de Chanel vient de l’industrie alimentaire. Née en Inde, où elle a fait ses études, Leena Nair est entrée chez Unilever en 1992 en tant que manager en Inde. Au fil des années, elle gravit les échelons de la division indienne d’Unilever avant d’en devenir, en 2007, la directrice des ressources humaines. En 2013, le groupe la nomme responsable internationale en charge de la diversité. Et en 2016, elle prend la tête des ressources humaines d’Unilever au niveau mondial. Elle devient alors la plus jeune DRH monde d’Unilever, mais aussi la première femme à assumer ce poste.
En trente années de carrière au sein de la même entreprise (une stabilité rare), Leena Nair a piloté de grands changements de stratégie. Très engagée pour l’inclusion et la parité, elle peut s’enorgueillir d’avoir fait atteindre à Unilever la parité hommes-femmes parmi les 150 000 collaborateurs du groupes.
Des accomplissements qui ne sont pas passés inaperçus. Début décembre, Fortune India a classé Leena Nair dans sa liste des femmes les plus puissantes de l’année. On lui a également décerné le Great British Businesswoman’s Award en tant que Role Model de l’année 2021. Et avant cela, Leena Nair avait été distinguée, en 2017, par la reine Elizabeth II. Son nom figurait alors dans la liste des plus importants dirigeants d’entreprise d’origine indienne.
Leena Nair chez Chanel : les futurs défis de la nouvelle PDG
Dès janvier 2022, Leena Nair prendra ses fonctions de PDG chez Chanel. Sa feuille de route est claire. Le communiqué de presse de la maison Chanel souligne qu’elle devra « assurer le succès à long terme de la société ». En l’état actuel, Chanel se trouve dans une position confortable. Certes, le chiffre d’affaires de Chanel a reculé de 18% sur l’année 2020. Mais cette baisse reste moins forte que l’ensemble des marques de luxe. Ces dernières ont connu un recul moyen de 22% sur la période. Encore mieux : Bruno Pavlovsky, le président de Chanel SA, assurait début décembre que la marque connaissait cette année une progression à deux chiffres dans tous les pays où elle est présente.
Malgré cette bonne santé financière, Chanel fait face à plusieurs défis. L’entreprise n’a toujours pas été capable de délivrer une alternative au e-commerce. Elle se refuse à vendre en ligne une part importante de son catalogue produits. Un refus qui lui a coûté des ventes pendant la crise sanitaire.
Sur le sujet des engagements RSE, la maison Chanel reste également en retard. En 2018, elle avait décroché un score de seulement 3% au classement du Fashion Transparency Index. Soit l’une des plus mauvaises notes pour la traçabilité et l’impact environnemental de ses produits. L’expertise de Leena Nair sur ces sujets devrait changer la donne dans les années à venir.
Enfin, Chanel se trouve plus que jamais isolée sur l’échiquier du luxe mondial. La maison de la rue Cambon est la dernière maison de luxe internationale à être vraiment indépendante. Elle est détenue par la seule famille Wertheimer, et n’est pas cotée en Bourse. Mais la polarisation de l’industrie du luxe s’accélère. Les derniers mouvements des géants du luxe (LVMH, Kering, Richemont) montrent que Chanel va devoir investir judicieusement pour assurer son avenir.
