C’était hier le premier défilé du duo créatif Jack McCollough et Lazaro Hernandez. Le tandem, fondateur de la marque Proenza Schouler, a été nommé à la tête de Loewe en remplacement de Jonathan Anderson. Une succession en forme de défi, car les créateurs américains vont devoir se montrer à la hauteur de l’impact culturel installé par leur prédécesseur. Ce qui implique aussi de rester fidèle au savoir-faire historique de la maison espagnole. Comment conjuguer héritage artisanal et renouvellement identitaire ? C’est à cette question que le duo de créateurs a répondu avec sa première collection.
Le choix d’une esthétique sous le signe du pragmatisme
Exit le style parfois très intellectuel de Loewe sous Anderson. La nouvelle ère de la maison s’ouvre sur un vestiaire lisible, qui renoue avec un esprit ludique plus spontané. McCollough et Hernandez livrent une collection printemps-été 2026 volontairement accessible pour Loewe. Et ils reviennent aux fondamentaux : des shorts courts, des bombers structurés, des robes aux lignes pures et des pulls au col contrasté. Les points d’impact sont nets : couleurs franches, lunettes oversize, chaussures avec couleur accent. Autant d’éléments visuels qui rendent l’ensemble immédiatement photogénique.

La proposition esthétique de cette nouvelle collection s’émancipe de la radicalité conceptuelle. Et le duo choisit plutôt un principe de mix and match. Les pièces se répondent et se complètent, dans un colorama contrasté mais systématiquement cohérent.
La continuité créative est-elle une obligation ?
La transition post-Jonathan Anderson était le cadre silencieux de ce premier défilé. Le créateur irlandais avait recentré Loewe sur son artisanat et des récits culturels très marqués. Et il avait fait de l’expérimentation conceptuelle sa marque de fabrique.
Mais McCollough et Hernandez optent pour une signature plus pragmatique. Un fonctionnalisme à l’américaine qui préfère imposer une silhouette plutôt qu’un discours sur le savoir-faire. Comme une manière de revendiquer que la force de la création réside aussi dans l’art de la rupture.

Alors Loewe va-t-elle tourner le dos à son héritage ? A priori non. En effet, le nouveau duo créatif conserve subtilement l’autorité artisanale de la maison. Mais il le déplace sur la maroquinerie. Une bonne idée, puisqu’il s’agit effectivement du cœur patrimonial de Loewe. Les sacs et chaussures proposaient ainsi de revisiter le savoir-faire de la maison avec de nouvelles formes : des mules en trompe-l’œil façon escarpins, une minaudière en forme de coquillage translucide. De quoi continuer de susciter la curiosité des amateurs de mode.
Le style de Loewe se fait plus prudent avec cette nouvelle collection. Et les touches d’audace sont volontairement mesurées. Ce premier chapitre laisse donc entrevoir une maison qui cherche à s’ouvrir à un nouveau public, mais sans renoncer à son socle artisanal.
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