Le groupe de luxe Kering, en pleine restructuration, vient d’annoncer l’arrivée de son nouveau directeur général : Luca De Meo. Le CEO du groupe Renault, avant tout spécialiste de l’automobile, est un choix audacieux pour diriger un groupe de luxe. Et pourtant, sa mission ne sera pas tellement différente. Il va devoir remettre la dimension patrimoniale au cœur de la stratégie. Et permettre enfin à Kering de regagner en clarté dans le discours de marque de ses maisons.
Luca De Meo chez Kering : un passionné au service du luxe
Natif de Milan et diplômé en administration des affaires à l’université Bocconi, Luca De Meo a fait l’essentiel de sa carrière dans l’automobile. Pendant les cinq dernières années, il a assumé la charge de CEO chez Renault. Pourtant, le domaine du luxe ne lui est pas inconnu. En effet, Luca De Meo a siégé durant deux ans au conseil de surveillance de Lamborghini. Une immersion qui lui confère une légitimité réelle pour appréhender le luxe autrement.
Chez Kering, dont l’activité repose en grande partie sur l’excellence italienne, le choix de Luca De Meo n’est donc pas un total hasard. Il s’agit au contraire de choisir un dirigeant italien doté d’une connaissance intime des codes de la « Bella Figura ». Un signal fort de continuité patrimoniale.
Restaurer l’héritage et affiner le discours
Ce n’est pas un secret : Kering n’a pas réussi à profiter du rebond du luxe post-crise sanitaire. Encore pire : son bateau amiral, Gucci, peine à renouer avec le succès. Et le groupe de luxe français cherche un nouveau souffle.
En tant que nouveau directeur général de Kering, Luca De Meo aura trois missions prioritaires. Il devra réinsuffler une authentique dimension patrimoniale dans la stratégie des maisons, en mettant l’accent sur leurs racines et leur ADN. Il lui faudra aussi redonner de la cohérence au discours de marque du groupe. Et enfin, on s’attend à ce que cet « outsider » du luxe aide le groupe tricolore à dépasser les codes traditionnels du luxe pour positionner Kering sur le segment de l’innovation.
Kering : 2025, enfin l’année du rebond ?
La nomination de Luca De Meo est le second mouvement stratégique fort initié par Kering cette année. En effet, il y a deux mois, le groupe annonçait la migration d’un talent clé du groupe : le styliste Demna (ex-Balenciaga) devenait directeur artistique de Gucci.
En faisant venir un spécialiste de l’automobile dans le luxe, Kering surprend à nouveau. Et le groupe s’affirme comme une entreprise prête à prendre des risques créatifs, là où son grand rival LVMH mise plutôt sur des valeurs sûres (Jonathan Anderson chez Dior, Pharrell chez Vuitton).
Cette année plus que jamais, Kering a donc un coup à jouer. Et il peut ainsi se positionner comme un groupe de luxe atypique : audacieux, oscillant entre héritage et innovation. Et surtout : un groupe de luxe capable de séduire les talents en quête de renouveau. Dans un secteur ultra-compétitif, cette stratégie peut effectivement faire la différence.