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Pour comprendre les secrets de fabrication d’un parfum, le réalisateur français Matthieu Menu et son équipe ont franchi les portes de la maison Dior. Pendant un an, ils ont accompagné Francis Kurkdjian, Directeur de la Création Parfum, dans l’une de ses plus grandes missions : réinventer le célèbre J’adore. Ce documentaire nous invite à plonger dans un monde secret d’artisans passionnés.
Sandrine
Fragasso
Le documentaire Inside The Dream commence avec Francis Kurkdjian et l’iconique muse de J’adore Dior, Charlize Theron. Kurkdjian et Theron remontent dans le temps et discutent de l’une des premières campagnes publicitaires à laquelle l’actrice américaine a participé. Cette publicité mettait en scène Charlize Theron marchant résolument vers le téléspectateur dans un appartement parisien. Elle se dépouillait de tout : or, diamants et vêtements. Cette campagne publicitaire datant de 2012 véhiculait un message clair et précis : l’or véritable n’est pas celui que l’on porte sur soi, mais plutôt celui que l’on porte en soi. Kurkdjian présente donc à Theron sa version réinventée du parfum mythique. Alors que le spectateur attend avec impatience sa réaction, la scène est brutalement coupée pour lui faire vivre l’aventure derrière cette création.
Du rêve à la réalité
Dans le cadre du documentaire, Francis Kurkdjian effectue un travail d’historien et de chercheur en parcourant les archives de Dior. S’appuyant sur d’anciennes lettres écrites de la main de Christian Dior, Kurkdjian tente de se mettre dans la tête du grand couturier français. Fasciné, le parfumeur souligne la volonté initiale du fondateur de simplifier de façon à trouver un équilibre. Ainsi, l’objectif de Kurkdjian, parallèlement à ce qui est mis en scène dans la campagne publicitaire de 2012, est de se défaire de l’or, de simplifier la composition florale, pour laisser « transparaître la peau ». Le Directeur de la Création Parfum répète ainsi à maintes reprises être en quête de la fonte de l’or pour parvenir à une senteur plus naturelle. En passant par la rose et le jasmin, le parfumeur français d’origine arménienne est à la recherche d’une odeur poudrée, onctueuse et lumineuse pour évoquer les codes d’une féminité qui n’a pas besoin d’artifices luxueux pour s’assumer.
Un voyage passionnant
De Paris à Los Angeles, en s’arrêtant au Château de La Colle Noire et dans des jardins de fleurs de Grasse ou d’Inde ou encore dans des cérémonies de kōdō au Japon[1], le documentaire Inside the Dream est ponctué d’interviews de célébrités, créateurs, designers de mode, artisans, agriculteurs, experts et artistes, ayant contribué, pendant les vingt dernières années, au succès international de J’adore. Parmi eux, nous pouvons notamment compter Calice Becker qui a imaginé le parfum original en l’an 2000, Hervé Van der Straeten qui a créé le premier flacon en forme d’amphore, Jean-Michel Othoniel qui a imaginé le dernier, ou encore Jean-Baptiste Mondino qui a mis en scène Charlize Theron dans une campagne ancrée dans notre inconscient collectif.
« Après avoir approché l’univers de la Haute Joaillerie, la création d’un parfum nous a interpellés. Comme la plupart des gens, je ne savais pas comment un parfum naissait, ni quelles étaient les étapes de sa création, le début, le déroulement et l’aboutissement de son histoire. Bref, un mystère total à percer, doublé d’un défi excitant pour un réalisateur : incarner en images un sillage qui est, par définition, invisible. » – Matthieu Menu, réalisateur du documentaire.
Enfin, le film, qui s’était ouvert sur l’actrice à tout jamais associée au parfum, se termine par une scène la montrant en train de découvrir la version réinventée de J’adore : L’Or de J’adore. Sous le regard de Francis Kurkdjian, elle évoque « un parfum floral délicieux et complexe ».
Le documentaire Inside The Dream est disponible sur Canal + et Prime Video.
Image: pochette du documentaire Inside the dream.
[1] L’art japonais de l’appréciation des parfums est connu sous le nom de kōdō. Il s’agit d’un des trois arts traditionnels, aux côtés de la cérémonie du thé et de l’ikebana. Pendant une cérémonie de kōdō, les participants se laissent envoûter par les fragrances dégagées par des bois parfumés brûlés selon des règles codifiées vers la fin du XIVᵉ siècle.