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Le 4 novembre, les équipes Chanel ont fait escale à Singapour pour présenter la collection croisière 2025-2026. Officiellement, il s’agit de la seconde collection signée par Matthieu Blazy depuis son arrivée à la tête de la maison. Et l’exercice n’a rien d’anecdotique. Car après avoir été consacré pendant la dernière Fashion Week de Paris, Blazy doit maintenant transformer l’essai. Or, la collection croisière est un terrain commercial risqué. En effet, le vestiaire estival est un segment très concurrencé par Christian Dior et Louis Vuitton. Le nouveau directeur artistique doit donc répondre à des attentes élevées, dans un contexte où tout le monde veut voir le Chanel version 2.0.
Une esthétique entre Riviera et modernité urbaine
Cette collection Croisière 2025-2026 de Chanel, présentée dans le cadre luxueux du Raffles Hotel de Singapour, prolonge l’élan amorcé par Matthieu Blazy depuis son arrivée à la direction artistique. Les silhouettes traduisent une tension subtile entre l’héritage balnéaire de la maison et une modernité ouvertement internationale.
La palette oscille entre les blancs texturés, les roses vibrants, les bleus délavés et les tons crème sophistiqués. Des choix chromatiques qui évoquent une élégance nonchalante, à mi-chemin entre la Côte d’Azur et les avenues de Marina Bay.

Les coupes demeurent rigoureusement maîtrisées. Jupes crayon en tweed, vestes structurées et pantalons fluides font écho à la première collection de Matthieu Blazy chez Chanel. En complément, les matières (lin, mousseline, coton piqué, tweed léger) évoquent une idée de confort dans le luxe, parfaitement adaptée à la clientèle asiatique haut de gamme.
L’enjeu mode : revisiter les codes de la croisière
Matthieu Blazy réussit ici à décontextualiser la croisière, en la faisant passer du récit balnéaire européen à une lecture cosmopolite du voyage. Singapour devient le symbole d’un nouveau centre de gravité du luxe, où la culture du raffinement rencontre une couture à la modernité assumée.

Les codes Chanel sont bien là : tweed, perles, boutonnages dorés, camélias discrets. Mais ils sont revisités avec un certain grain de malice : un maillot une-pièce fuchsia sous un tailleur long, une silhouette pyjama rayée façon Riviera vintage, ou encore un denim délavé coupé comme un tailleur couture. C’est une forme de légèreté maîtrisée qui rompt avec le formalisme de l’ère Viard, sans trahir la maison.
Bien positionner la collection Croisière Chanel pour 2026
Cette collection confirme la volonté de Chanel de solidifier son leadership dans l’ultra-luxe expérientiel. Un exemple concret : la maison présente cette collection croisière à Singapour, un hub stratégique pour le retail et la clientèle de luxe en Asie. La maison envoie ainsi un signal fort : Chanel s’adresse à une clientèle internationale qui consomme le luxe autrement. Et qui ne veut plus seulement qu’on lui vende l’image patrimoniale d’une vieille maison occidentale.

Autre élément riche de sens : Chanel a d’ores et déjà mis en vente la collection. Cette commercialisation immédiate en boutique témoigne d’une stratégie de « see now, buy now » maîtrisée, rare chez Chanel. Mais ce mouvement stratégique est bien révélateur d’une volonté de convertir le momentum critique dont jouit Blazy en traction commerciale.
Au-delà des enjeux financiers, ce second défilé de l’ère Blazy affirme aussi les ambitions du couturier pour la maison dont il a désormais la charge. Il compte y proposer une mode désirable mais portable, en articulant avec agilité l’artisanat français et les codes contemporains.
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