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La période des fêtes de Noël est une période cruciale pour la parfumerie. Et ce n’est donc pas une surprise que Louis Vuitton ait choisi d’enrichir sa Collection des Extraits avec un nouveau parfum féminin. En effet, Louis Vuitton vient de présenter Fantasmagory. Ce lancement s’annonce stratégique pour la maison française, qui cherche à consolider sa place sur un segment ultra-luxe de plus en plus convoité. Mais il s’agit aussi d’un test : Vuitton a-t-il la capacité de renouveler son discours olfactif sans se reposer uniquement sur son prestige ?
Fantasmagory par Louis Vuitton : la vanille sublimée
Avec Fantasmagory, Jacques Cavallier Belletrud s’attaque à une matière saturée par la vague gourmande qui domine encore une grande partie du marché. Mais ici, la vanille est épurée. Le parfumeur la traite dans sa dimension florale et lumineuse plutôt que sucrée. Le gingembre vient apporter une tension aromatique, tandis que l’amande adoucit l’ensemble sans le faire basculer dans la facilité.
L’ambition est claire. Il s’agit de proposer une vanille “intellectuelle”. Une fragrance construite comme un exercice de style, loin des codes populaires. Mais si la composition se distingue par sa retenue, certains y verront peut-être un manque de prise de risque. Vuitton continue d’explorer une esthétique propre, très polie, qui privilégie le contrôle à la surprise. La maison reste donc cohérente maison. Mais sa nouvelle proposition risque de manquer du souffle audacieux qui lui permettrait de vraiment marquer le paysage olfactif de la fin d’année 2025.
Plus qu’un parfum : un objet culturel pensé pour séduire les collectionneuses
Comme pour le reste de la Collection des Extraits, Frank Gehry signe le capot-sculpture du flacon. Un geste artistique fort, mais désormais attendu. Si l’objet demeure spectaculaire, il contribue à situer le parfum davantage du côté du collector décoratif que de l’usage quotidien. Ce positionnement est effectivement susceptible de plaire aux clientes les plus fidèles de la marque. Mais il limite mécaniquement l’audience. Une stratégie bien pensée ? Ce qui est certain, c’est que la maison française sait cultiver sa rareté.
Ainsi, le prix de 510 € ne surprend plus dans cette gamme. Mais dans un contexte où le consommateur luxe devient plus exigeant, moins impressionné par le simple effet de signature, la question de la valeur perçue se pose. Vuitton capitalise largement sur son aura et son storytelling, parfois au détriment du renouvellement créatif réel.
Reste que ce lancement, positionné juste avant Noël, répond parfaitement à une logique commerciale. Il permet d’offrir aux clientes Vuitton une nouveauté statutaire et photogénique, capable de soutenir le trafic en boutique. Fantasmagory ne révolutionne pas la parfumerie. Mais il confirme la stratégie de la Maison : celle d’un luxe contrôlé, esthétique, plus conceptuel que disruptif. Un choix assumé, mais qui pourrait finir par montrer ses limites s’il n’est pas rééquilibré par des propositions plus inattendues.
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