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L’année 2025 est celle des défis pour l’industrie du luxe. Et aucun pays ne ressent plus la pression que la Grande-Bretagne. En juin dernier, le British Fashion Council (BFC) avait carrément l’édition de la Fashion Week de Londres. Et à la place, il avait préféré animer un showroom à Paris. Un camouflet d’autant plus dur à vivre que les maisons britanniques peinent à rester compétitives faces à leurs grandes rivales françaises et italiennes. Burberry, autrefois porte-étendard du savoir-faire anglais, renoue timidement avec le succès. Mais la route est encore longue.
Dans un tel contexte, la Fashion Week de Londres pour septembre 2025 sera scrutée de près. Du 18 au 22 septembre, Londres n’a que quelques jours pour défendre son rang de ville créative. Et pour cela, elle a décidé de parier sur les créateurs émergents. Tout un symbole pour une Fashion Week londonienne en pleine réinvention.
Miser sur les créateurs émergents comme stratégie de survie
Laura Weir, la nouvelle directrice générale du BFC, a lancé un signal fort. Pour la première fois, les frais de participation à la British Fashion Week de Londres sont supprimés pour les membres. De plus, le système de bourses est renforcé. Et enfin, le programme NEWGEN bénéficie désormais d’un financement pluriannuel. Pour le dire autrement, Londres a décidé de se mobiliser en faveur des créateurs émergents. Et la Fashion Week de Londres 2025 entend bien redonner aux créateurs émergents les moyens de s’exprimer.
Plus qu’un geste de soutien, il s’agit bien d’une stratégie de repositionnement. Car Londres n’a pas la même aura artisanale que Paris et Milan. Et elle doit désormais revendiquer sa singularité créative pour exister dans le paysage du luxe. L’occasion d’incarner une idée de la mode plus jeune. Et re retrouver enfin sa place dans le top 3 des Fashion Weeks les plus suivies ?
Central Saint Martins : l’école de mode, véritable ruche des nouveaux talents
Au cœur de cette stratégie, on retrouve presque sans surprise la prestigieuse école de mode Central Saint Martins. Cette ruche de créateurs en devenir reste l’atout majeur de Londres. Et l’école de mode, l’une des plus influentes au monde, alimente encore cette année la Fashion Week de Londres en jeunes talents. Ainsi, plusieurs des sensations à venir cette année sont issues de ses rangs. On découvrira notamment les collections de plusieurs de ses diplômés. Maximilian Raynor ou encore Joshua Ewusie feront ainsi leurs débuts dans le calendrier officiel.
Et si les médias s’apprêtent à couvrir ces débuts, c’est parce que Saint Martins compte à son actif de nombreux anciens élèves aux carrières prestigieuses. La liste des alumnis explique l’influence sans commune mesure de l’école de mode britannique. Alexander McQueen, John Galliano, Stella McCartney, Phoebe Philo, Riccardo Tisci ou encore Christopher Kane ont tous été formés à Central Saint Martins.
Autant de noms qui incarnent l’esprit d’innovation et de radicalité qui a fait de Londres un vivier créatif incontournable par le passé. En misant sur les créateurs émergents, la capitale britannique veut donc rappeler à quel point l’audace est sa marque de fabrique.
Une Fashion Week 2025 sous tension à Londres
Mais ce pari sera-t-il suffisant pour être payant ? Pour assurer la visibilité médiatique de cette Fashion Week de Londres 2025, le BFC peut compter sur quelques grands noms. Ce sera notamment le retour de Burberry. La maison britannique est en pleine réinvention. Et elle se mobilise autour du rayonnement du savoir-faire britannique.
Un seul problème : c’est à Londres que l’enseigne H&M a décidé de faire sa présentation. Et même si ce choix devrait offrir d’importantes retombées médiatique à la ville, il risque aussi d’affaiblir le positionnement autour du savoir-faire.
Le paradoxe Jonathan Anderson
Un nom suscitera forcément l’intérêt pendant cette semaine de la couture londonienne : Jonathan Anderson. Il est l’un des créateurs les plus médiatisés de la scène londonienne. Et pourtant, cette saison il ne présentera pas de défilé. En cause ? Un emploi du temps trop chargé depuis qu’il a pris la tête de la maison Christian Dior, au printemps. D’ailleurs, Anderson sera présent à la Fashion Week de Paris, début octobre, pour son premier défilé des collections Femmes.
Faut-il y voir un signe inquiétant ? La marque JW Anderson fait l’impasse. Et de son côté, Victoria Beckham défilera à Paris. Si les créateurs les plus suivis s’éloignent de Londres au profit de Paris, la capitale britannique pourrait perdre ce qui faisait sa force : sa capacité à conjuguer expérience et jeune garde de la mode. L’absence de Jonathan Anderson interroge donc la cohérence d’une Fashion Week qui, en cherchant à mettre en avant le renouveau, peine à retenir ses figures établies.
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