Le fonds activiste Amber, qui estime que le vote contre ses résolutions lors de l’assemblée générale de Lagardère en 2018 était entaché de fraude, va pouvoir continuer à chercher des éléments de preuve dans les documents du groupe, selon l’ordonnance d’un juge obtenue vendredi par l’AFP.
Lagardère avait demandé au tribunal de commerce de Paris de rétracter une ordonnance rendue le 18 octobre 2018 permettant à Amber d’obtenir le séquestre de documents (notamment e-mails) concernant des supposées négociations de la gérance du groupe avec son premier actionnaire, le fonds souverain du Qatar, détenteur de 20% des droits de vote, qui avait changé au dernier moment son vote lors de l’assemblée générale de 2018.
Après avoir entendu les arguments de Lagardère, le juge Hervé de Bonduwe a accepté dans son ordonnance du 26 mai de restreindre le champ des documents communicables, mais a maintenu la mesure, considérant notamment que la démarche d’Amber, « susceptible de révéler des quasi-délits civils, sinon des délits pénaux » constituait un « motif légitime ».
Il a également enjoint au groupe Lagardère de trier les différentes pièces communicables d’ici au 25 juillet, avant une levée de séquestre en septembre, puis un éventuel procès au fond.
Le groupe Lagardère « va interjeter appel pour poursuivre l’infirmation totale de cette ordonnance », ont annoncé ses conseils à l’AFP.
Le fonds britanique Amber Capital, entré au capital de Lagardère en 2016, conteste la gérance d’Arnaud Lagardère, héritier par son père Jean-Luc d’un empire industriel et médiatique désormais recentré sur l’édition (Hachette) et la distribution dans les lieux de transports (Relay) mais toujours propriétaire des médias Europe 1, le JDD et Paris Match, de studios de production et de salles de spectacles.
Amber, qui souhaite mettre un terme au statut atypique du groupe en commandite par actions (SCA) permettant à son dirigeant de rester aux commandes en ne contrôlant qu’un peu plus de 7% du capital, a échoué à deux reprises à faire élire des représentants au conseil de surveillance.
Devenu premier actionnaire en 2020 avec 18% du capital et 14% des droits de vote, le fonds a vu toutes ses résolutions rejetées lors de l’assemblée générale du 5 mai, à la suite du soutien apporté à Arnaud Lagardère par plusieurs figures du capitalisme, dont Vincent Bolloré, l’homme fort du groupe de médias Vivendi, qui détient désormais plus de 16% des actions.
En début de semaine, les grandes manoeuvres pour l’avenir du groupe Lagardère se sont poursuivies avec l’arrivée de Bernard Arnault, actionnaire majoritaire du groupe de luxe LVMH, au capital de la holding personnelle très endettée d’Arnaud Lagardère.
jub/mig/pb
LAGARDERE SCA
VIVENDI
LVMH – MOET HENNESSY LOUIS VUITTON