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La Fashion Week de Milan ouvre aujourd’hui. Et elle se tient à la croisée des chemins. Car après une année florissante, le luxe italien doit composer avec des turbulences inédites : scandales, rachats stratégiques et pertes de figures emblématiques. Cette Fashion Week de Milan 2025 ne sera pas seulement une vitrine du succès italien. Mais elle aura valeur de véritable test de résilience. Milan doit prouver qu’elle peut continuer à façonner le luxe mondial. Non pas en imitant Paris, mais en capitalisant sur sa créativité, son agilité et sa capacité à rebondir. Pour les professionnels du secteur, cette édition doit répondre à une question stratégique : le luxe italien a-t-il la ressource pour consolider son succès, même dans un contexte complexe et incertain ?
Milan : la crise d’image de la deuxième place forte du luxe mondial
Après Paris, Milan est la deuxième Fashion Week la plus suivie au monde. Et c’est bien normal : l’Italie est un acteur incontournable de l’industrie. Elle assure à elle seule la production de près de 80% des articles de luxe vendus dans le monde.
Depuis le début d’année 2025, les groupes de luxe français accusent un repli des ventes. Mais l’Italie tient bon, comme le prouve la croissance solide du groupe Prada et de la maison Brunello Cucinelli. Malgré ce succès commercial, le luxe italien se trouve dans une position paradoxale et fragile. Car plusieurs événements récents ont ébranlé sa réputation. Cet été, Prada a été accusée d’appropriation culturelle à cause d’une paire de sandales indiennes. En outre, les autorités italiennes ont ouvert des enquêtes sur les conditions de fabrication chez des sous-traitants de Christian Dior et Loro Piana.
Enfin, le décès de Giorgio Armani planera comme une ombre sur cette édition 2025. Il était le dernier géant indépendant du luxe italien. Et l’avenir de sa maison est suspendu à la décision de ses héritiers. Vont-ils vendre Armani au groupe LVMH ? Si c’est le cas, un autre joyau italien passerait sous pavillon français. Une bonne opération stratégique pour le luxe français. Mais un terrible aveu de faiblesse pour le luxe italien.
Les turbulences qui secouent le luxe italien
Rappelons-le : lors de la Fashion Week de printemps à Milan, Prada avait annoncé le départ inopiné de Gianfranco d’Attis, son directeur général. Il était à la tête de la maison depuis moins de deux ans. Et son départ a donné lieu à de nombreuses spéculations autour de la stratégie de Prada.
Ce départ est intervenu à un moment d’autant plus important que Prada a annoncé le rachat de Versace. Ce mouvement transforme l’équilibre des forces à Milan. Il met en lumière une stratégie de croissance par acquisition, là où Prada comptait plutôt sur l’innovation organique, notamment avec Miu Miu. Le groupe Prada se rêve-t-il en LVMH italien ? Et pourra-t-il soutenir le développement de Versace, qui requiert de lourds investissements de rebranding ? Pour la première fois de son histoire, Versace n’aura pas de membre de la famille Versace à sa tête pour signer sa collection. Une disruption qui souligne le climat incertain du luxe italien en cette fin d’année 2025.
Enjeux économiques et créatifs de cette Fashion Week 2025
Au-delà de l’économie immédiate, la Fashion Week d’automne 2025 doit être l’occasion pour Milan de se projeter sur la fin d’année. Et sur 2026, qui pourrait marquer le début d’un nouveau cycle de croissance pour le luxe mondial. La reprise attendue de la consommation en Asie offre une opportunité stratégique. Les maisons capables d’allier innovation, storytelling et maîtrise de la production auront un avantage déterminant pour capter ce rebond. Les décisions et collections présentées cette semaine influenceront donc directement la position de Milan sur la scène internationale dans les mois à venir.
Enfin, la Fashion Week est également un moment pour observer la transformation culturelle et créative de l’industrie. Face aux turbulences récentes et à la perte de figures emblématiques comme Giorgio Armani, les maisons italiennes doivent réinventer leur narration. Elles ont intérêt à trouver leur équilibre entre héritage et modernité. Leur défi ? Montrer que Milan peut rester un moteur de créativité et de performance économique à l’échelle mondiale. Capable même de défier le leadership de Paris.
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