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La Fashion Week de Milan 2025 se poursuit. Et la journée d’hier, avec l’ultime défilé tant attendu d’Armani, était évidemment placée sous le signe de l’hommage. Car la dernière collection réalisée avant le décès de Giorgio Armani est un concentré de son style. On y retrouve les silhouettes allongées, les matières irisées et les codes d’un vestiaire élégant et intemporel. Pourtant, derrière cette esthétique maîtrisée se profile un contexte de crise. Le testament du fondateur a ouvert la voie à une possible vente de l’entreprise à un grand groupe. Emporio Armani incarnait jusqu’à présent une certaine idée de la mode italienne, résolument indépendante. Mais cette vision survivra-t-elle à son fondateur ?
Une collection dans le pur style Armani
Le défile printemps/été 2026 d’Emporio Armani est un concentré de tout ce qui a fait le succès du maître de Milan. Et dès les premières silhouettes, le style Armani revisite tous ses fondamentaux. Les pantalons amples en lin, les tops aux textures tissées, les gilets boutonnés en teintes sable, ou encore les vestes déstructurées composent une garde-robe qui respire la légèreté. Les robes longues jouent sur les transparences irisées, parfois nouées à la taille par de simples cordons. Quelques notes de turquoise, de bleu profond et de rose poudré viennent animer la palette dominée par les tons de pierre, d’ocre et de cuivre.
Si le travail de la coupe est un hommage à la grande tradition de la couture italienne, le choix des matières traduit aussi le goût du beau tissu. Soies lavées, cotons ajourés, mailles fluides : Armani propose une sensualité discrète. Depuis près de quarante ans, le mouvement et la douceur sont les fondements du style Armani. Et jusqu’au bout, Giorgio Armani aura défendu sa vision d’un luxe anti-mode. Pas de logo. Le vêtement pensé comme une seconde peau, loin de la théâtralité visuelle cultivée par d’autres maisons italiennes.
La stratégie de l’élégance intemporelle : mais jusqu’à quand ?
Avec ce défilé, Emporio Armani réaffirme sa place comme référence absolue de l’élégance italienne Une couture qui se vit dans la durée, émancipée de la mode du moment. Un style vestimentaire qui se fonde sur la qualité des matières, la justesse des coupes et l’art de sublimer le corps sans jamais l’enfermer. Cette approche, qui est l’ADN de la maison milanaise, défend une forme d’élégance intemporelle face au bruit médiatique des dernières tendances.
Mais cette stratégie n’est pas sans comporter sa part de risques. Car si l’élégance intemporelle séduit une clientèle fidèle attachée à la discrétion, la jeune génération exprime d’autres désirs. Elle cherche l’audace visuelle et valorise le storytelling spectaculaire, avec un goût prononcé pour les expériences culturelles. Les jeunes clients du luxe se tournent volontiers vers Balenciaga, Gucci ou encore Versace. Dans un marché du luxe où le rythme s’accélère et où l’attention se capte par le choc visuel, Armani court le danger de sembler trop sage, pas assez en phase avec son temps.
Le défi est donc clair. La maison doit continuer à défendre cette vision « anti-mode » tout en restant désirable auprès d’une clientèle émergente, qui consomme le luxe comme marqueur identitaire. Mais le problème, c’est que la maison n’a désormais plus personne pour résoudre cette difficile équation.
La dernière collection signée Giorgio Armani
Ce défilé restera dans les annales de la mode. Et pour cause : il s’agit de la dernière collection réalisée par Giorgio Armani. La collection prend donc la forme d’un testament esthétique. On y retrouve tout ce qui a fait la singularité du créateur depuis les années 1980. Mais elle pose aussi question sur l’avenir de la maison.
Car après ce défilé, une ère d’incertitude s’ouvre pour Armani. Le testament du fondateur, révélé il y a une dizaine de jours, encourage ses héritiers à céder la maison à un groupe. Sur les rangs, on retrouve notamment les français LVMH et L’Oréal. Si un tel rachat avait effectivement lieu, quel serait l’avenir de cette maison bâtie sur le principe de l’indépendance ? Armani pourra-t-elle préserver sa philosophie singulière dans un cadre industriel plus vaste ? Avec le décès de Giorgio Armani et le probable rachat de sa marque, une certaine idée du luxe italien risque de disparaître.
Tout savoir sur la Fashion Week de Milan 2025 :