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Le 27 septembre, Dario Vitale présentait son premier défilé pour Versace. Et les enjeux étaient pour le moins élevés. Car les observateurs attendaient beaucoup de cette collection printemps/été 2026. La première depuis le rachat de Versace par Prada. La première signée par un créateur extérieur à la famille Versace. Entre respect de l’héritage baroque et nécessaire réinvention stylistique, le Versace de Dario Vitale a pourtant peiné à convaincre. Mais comment Versace peut-elle conserver sa place de maison de référence dans un monde où règne désormais le Quiet Luxury ?
Un langage visuel entre flamboyance baroque et modernité pop
Il fallait trouver un équilibre stylistique. Et même s’il semble précaire, il est bien là. La première collection Versace par Dario Vitale s’inscrit dans un jeu subtil entre héritage et rupture.
Les aficionados des codes historiques de la maison auront reconnu plusieurs éléments forts. Vitale reprend ainsi l’exubérance baroque, faite d’imprimés or et noir et de drapés sculpturaux. Ce sont autant de références visuelles à l’héritage de Gianni Versace. Quelques clins d’œil aux années Donatella Versace trouvent aussi leur place. C’est notamment le cas des robes moulantes, des bustiers et des tailles très marquées.
Mais Dario Vitale est passé par Miu Miu. Et le groupe Prada l’a choisi pour reprendre le flambeau Versace avec un objectif précis : moderniser le ton. La consigne est respectée. Et le Versace de Dario Virale injecte de nouveaux éléments. Les silhouettes sont moins hyper-sexualisées. On découvre plus de contraste entre fluidité et structure. Les touches pop se marient avec le classicisme italien. Le propos ne manque pas de pertinence. Et pourtant, depuis ce week-end, les réactions à la collection sont plutôt négatives.
Versace dans une nouvelle ère : le rachat par Prada
Comment expliquer la défiance quasiment générale à l’égard de cette première collection ? Versace a bâti son succès sur une identité claire. Et elle a toujours été perçue comme la maison du glamour et du spectaculaire. Difficile de faire plus éloigné de l’approche intellectuelle et conceptuelle de Prada.
Certes, Prada, Miu Miu et Versace ne risquent pas d’entrer en concurrence directe. Car les trois maisons italiennes se trouvent sur des segments complémentaires, mais pas rivaux. Pourtant, le groupe Prada doit assurer la cohérence de son portefeuille de marques. Et tout l’enjeu est de savoir s’il va le faire en respectant l’identité propre de Versace, ou s’il va lisser l’image de la maison.
Ce premier défilé de Dario Vitale semble indiquer plutôt la deuxième voie stratégique. Et c’est bien ce qui a causé l’émotion des fans de la maison. Ils ont perçu une perte d’authenticité et une dilution des codes Versace au profit d’une vision plus sobre.
Préserver l’icône Versace, séduire une nouvelle génération
Alors la stratégie du groupe Prada pour Versace est-elle mauvaise ? Ce serait oublier un peu vite que Versace se heurte à un autre enjeu, plus frontal celui-là. Car depuis de ce Fashion Month 2025, c’est bien impossible d’échapper au nivellement des collections vers le Quiet Luxury. Un minimalisme chic, teinté d’intellectualisation. Depuis plusieurs années maintenant, la tendance structure une part croissante du marché mondial du luxe. Et elle s’opère au détriment des maisons connues historiquement pour leur glamour, leur théâtralité et leur rapport émotionnel à la mode.
Non seulement Versace n’est pas en phase avec cette tendance, mais elle fait face à une concurrence accrue sur son segment. Car les maisons Gucci, Balmain ou encore Dolce & Gabbana occupent aussi le territoire du glamour flamboyant.
Donc à l’heure de la polarisation entre luxe intellectuel et luxe émotionnel, Versace se doit de réaffirmer sa légitimité dans la seconde catégorie. Ce qui implique aussi, paradoxalement, de ne pas s’aliéner la clientèle potentielle du Quiet Luxury. La maison doit séduire une nouvelle génération de clients. Et Dario Vitale doit absolument trouver le bon équilibre pour offrir enfin à Versace la stabilité financière qui garantira son avenir.
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