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Depuis plus d’un siècle, la beige Chanel incarne la transition douce entre soleil et raffinement. Ni tout à fait neutre, ni ostentatoire, il tire un trait d’union entre la nature pure et une mode plus sophistiquée. Inspiré par le sable d’une plage normande, le beige s’impose dans l’iconographie Chanel grâce au peintre Paul César Helleu. Depuis, la maison française l’a décliné en textile, en maquillage et en haute joaillerie. Histoire d’une couleur devenue emblème de l’élégance française.
Aux origines : Gabrielle Chanel à Deauville
C’est sur la plage de Deauville que commence l’histoire du beige Chanel en 1912. Mademoiselle y ouvre une boutique. Et dans cette station balnéaire en vogue, elle croise le peintre Paul César Helleu, maître des portraits élégants, qui la saisit en pastel sur la plage. C’est lui qui attire son attention sur la teinte mouvante du sable humide, au moment du reflux de la mer.
Gabrielle s’en souviendra toujours. Et elle adopte le beige, qui prendra rapidement une place centrale dans ses créations. Pour elle, il restera toujours « la couleur du sable mouillé lorsque la mer se retire ».
Le beige, neutre et révolutionnaire
Dans une époque encore marquée par l’ostentation des tissus aux couleurs saturées, Gabrielle Chanel fait du beige une déclaration de style radicale. « Je me réfugie dans le beige parce que c’est naturel. Pas teint. » Une affirmation qui résume tout. Car le beige n’est pas une concession. Mais il s’agit bien une opposition frontale à la mode de l’époque. Il oppose la pureté de la nature au goût de l’artifice.
Le tailleur en jersey, la robe fluide, le soulier beige et noir de Chanel. Toutes les pièces emblématiques de la maison portent la trace de ce parti pris fondateur. Le beige allonge la silhouette, affine le mouvement. Et il apporte un esprit moderne qui séduira rapidement une clientèle lassée des codes trop rigides de la Belle Époque.
La transmission des Helleu, une filiation esthétique
L’anecdote du sable de Deauville n’est pas seulement un souvenir. Elle scelle aussi une relation durable entre la famille Helleu et la maison Chanel. Jean Helleu, fils du peintre et artiste lui-même, apporte son expertise à plusieurs créations Chanel. On lui doit notamment une retouche sur la silhouette élégante du flacon du parfum N°5.
Mais c’est surtout Jacques Helleu, fils de Jean, qui marque l’histoire de la maison. Pendant près de quarante ans, il est le directeur artistique de la maison Chanel pour les parfums et la beauté. Son regard affûté définit l’esthétique raffinée et intemporelle de Chanel telle qu’on la connaît aujourd’hui.
En trois générations, les Helleu font du beige une composante essentielle de l’identité visuelle de Chanel. Aux côtés du noir et du blanc, le beige s’impose pour sceller un triptyque esthétique immédiatement reconnaissable.
Le beige, déclinaison sensorielle
Depuis 1912, l’univers Chanel a multiplié les variations autour du beige. En beauté, la collection Les Beiges a réinventé l’art du teint en jouant sur les nuances. Pour les bijoux, l’alliage « Or Beige » est une innovation qui affirme la place unique de la maison dans le paysage pourtant très concurrentiel de la haute joaillerie.
Enfin, ultime hommage à la couleur reine de la maison, le Beige devient même un parfum. Au sein de la prestigieuse collection des Exclusifs, il est l’un des éléments fondateurs de la légende de Mademoiselle.
Aujourd’hui plus que jamais, le beige incarne un luxe discret, à la fois intemporel et subtilement sensuel. Largement popularisé, il rappelle à lui seul l’impact décisif de Gabrielle Chanel sur l’histoire de la mode.