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Pour ses 80 ans, la maison Balmain ouvre une nouvelle page sous l’impulsion d’olivier Rousteing. Exit l’ère de la Balmain Army. Place à une mode sculpturale, qui trouve son équilibre entre audace et vision plus pragmatique. Le 1er octobre, Balmain présentait son défilé printemps-été 2026 baptisée Continuum. Cette « exploration du changement dans la continuité » s’appuie sur le savoir-faire iconique de Balmain. Et la collection promet une nouvelle ère créative chez Balmain.
Une esthétique de la maturité
Olivier Rousteing donne immédiatement le ton de cette collection printemps-été 2026 dans le pur style Balmain. Des robes drapées aux allures de toges grecques. Des volumes sculptés dans des nuances de kaki, d’ocre et de rouille. Les silhouettes évoquent une beauté intemporelle, une histoire qui se déroule dans un désert. Et elles affirment une esthétique minérale qui tranche avec l’exubérance baroque et ostentatoire de ses débuts. L’or et les ornements sont toujours présents. Mais Olivier Rousteing les fait évoluer vers une sophistication plus épurée.
Avec ce défilé Continuum, Rousteing semble assumer un tournant. Il propose en quelque sorte « la collection de la maturité ». Dans un contexte 2025 où le quiet luxury domine le marché du luxe, Balmain choisit de répondre par un style à la flamboyance disciplinée. Et pour y parvenir, la maison peut compter sur son formidable savoir-faire artisanal. Et l’expertise Balmain se manifeste notamment avec brio dans le travail des robes entièrement recouvertes de coquillages.
Maroquinerie et accessoires : le savoir-faire de Balmain plus innovant que jamais
Un détail saute aux yeux dans cette collection. Presque chaque silhouette défile avec un sac. Balmain met clairement en avant sa maroquinerie. Et c’est un choix qui marque un tournant dans l’histoire artisanale de la maison. Car, encore aujourd’hui, la maison Balmain est surtout perçue comme la maison du savoir-faire couture. Or, elle doit désormais affirmer sa compétence en maroquinerie pour s’installer dans le club très restreint des maisons plus lifestyles. C’est-à-dire des maisons qui démontrent une parfaite maîtrise de tous les univers : textile, maroquinerie, accessoires et parfumerie.
Et en la matière, Balmain a déjà avancé stratégiquement ses pions. Olivier Rousteing a choisi de faire du soulier un terrain d’expérimentation. Le défilé Continuum est donc l’occasion de voir le créateur repousser les limites avec la nouvelle version de son talon Wedge. Déjà apparu sur les bottes de sa précédente collection, ce talon se distingue car il semble défier la gravité. Et dans sa nouvelle version présentée hier, Balmain va encore plus loin.
La maison réimagine son talon Wedge en l’émancipant complètement de la forme verticale traditionnelle. Ici, le talon vient se placer dans le prolongement de la semelle pour créer un équilibre subtilement maîtrisé. Une illusion d’apesanteur rendue possible par la capacité d’innovation technique du studio Balmain. La maison illustre donc sa volonté de ne pas renoncer à l’expérimentation. Comme une manière d’affirmer sa différence dans un marché saturé de minimalisme.
Balmain : 80 ans et une nouvelle ère
La maison parisienne fête cette année ses 80 ans. Un anniversaire qui intervient dans un contexte de ralentissement global du luxe, après une décennie de croissance effrénée. La Balmain Army, qui a marqué l’ère 2010-2020, appartient désormais au passé. Olivier Rousteing doit donc écrire une nouvelle ère, plus subtile, mais tout aussi puissante en termes d’identité culturelle.
Le défi est double. Car il doit rester fidèle à la flamboyance instaurée par Pierre Balmain. Mais il doit aussi répondre à une clientèle désormais plus sensible à la discrétion, à l’authenticité et à la durabilité. Le risque serait de perdre en cohérence. Mais l’opportunité est immense. Car en assumant un langage esthétique de maturité sans renoncer à son savoir-faire créatif, Balmain peut s’imposer comme une maison à la fois audacieuse et durablement désirable.
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