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Le 30 septembre, Lanvin dévoilait la seconde collection signée Peter Copping dans le cadre de la Fashion Week de Paris. Un défilé très attendu, car Lanvin se trouve dans une position pour le moins paradoxale. Alors que toutes les maisons de luxe jouent la carte patrimoniale pour séduire les clientes, Lanvin ne parvient pas à renouer avec le succès. Et pourtant, il s’agit bien de la plus ancienne maison de mode parisienne encore en activité, née en 1889. Peut-elle encore être pertinente sur le marché du luxe 2025 ? Peter Copping avait la lourde tâche de répondre à cette question.
Le nécessaire retour aux racines de Lanvin
Le fond bleu vibre et s’impose avant même le début du défilé. En réaffirmant son bleu emblématique, Lanvin choisit d’emblée de placer cette collection sous le signe de son héritage.
En effet, la collection Lanvin printemps-été 2026 explore une tension riche de sens entre héritage et contemporanéité. On retrouve les silhouettes construites avec la rigueur couture qui a fait le succès de la maison à l’époque de sa fondatrice, Jeanne Lanvin. Les tailleurs sont structurés. Les jeux de volumes sont maîtrisés. Et les monochromes se veulent puissants.
L’utilisation de quelques couleurs franches (bleu, jaune, rouge) dynamise la palette des tons neutres. Et elle n’est pas sans rappeler le travail d’Alber Elbaz, qui avait su rendre à Lanvin sa pertinence esthétique.
Ce storytelling visuel insiste donc sur un retour aux racines françaises de l’élégance. Mais il intègre aussi des codes plus contemporains et internationaux. Un exemple frappant : le contraste parfaitement maîtrisé entre une jupe brodée d’inspiration haute couture et un pull à col haut épuré, presque dans un esprit de quiet luxury.
Lanvin se réaffirme comme un bastion du luxe français
Fosun Fashion Group, le propriétaire de la maison croit en son potentiel. Et il a d’ailleurs changé de nom en octobre 2021 pour devenir le Lanvin Group. Malgré cette conviction, les résultats commerciaux ne sont pas encore au rendez-vous. Et sur le premier semestre 2025, la maison Lanvin a encaissé un recul de ses ventes de 42%. Dans un tel contexte, l’enjeu de cette collection est donc autant artistique que stratégique.
Peter Copping adopte une approche narrative claire. Il veut réinscrire Lanvin dans le cercle des maisons patrimoniales qui savent capitaliser sur leur histoire. Là où Chanel et Dior cultivent leurs icônes, Lanvin cherche à remettre en avant son statut de plus vieille maison encore en activité. C’est tout le sens du retour du bleu signature de la maison. Et des références aux techniques de couture (broderie, plissé) qui ont fait le succès historique de Lanvin. Cette valorisation du savoir-faire est essentielle dans un marché mondialisé où les clients recherchent des marques porteuses de culture et de légitimité.
Alors quel avenir pour Lanvin ?
La position de Lanvin reste fragile. La collection parvient à séduire par son équilibre entre tradition et contemporanéité. Elle réaffirme son appartenance à l’histoire de l’élégance française. Et Peter Copping parvient à mettre en avant un savoir-faire couture différenciant.
Toutefois, Lanvin se situe dans un environnement ultra-compétitif. Un segment de la mode dominé par LVMH, Kering et Chanel dans lequel il est très dur d’obtenir la visibilité médiatique nécessaire pour relayer une histoire de marque.
La maison vient de prouver qu’elle avait encore une voix à faire entendre. Mais pour retrouver la juste place qui est la sienne, elle devra redoubler d’efforts pour aller à la rencontre des jeunes générations du luxe.
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