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Lundi 29 septembre, Saint Laurent a ouvert la Fashion Week de Paris avec un défilé printemps-été 2026 très attendu. C’est sur l’esplanade du Trocadéro, au pied de la Tour Eiffel, que la maison présentait sa collection. Un monogramme de fleurs blanches géantes rappelait immédiatement les codes de la maison parisienne. Et il n’a pas manqué d’assurer la viralité du show sur les réseaux sociaux. Pourtant, derrière l’esthétique iconique, pas question de verser dans la nostalgie. Anthony Vacarello a déployé un univers sculptural où le cuir, l’art du tailoring et les volumes monumentaux dessinent les codes du pouvoir. Il impose une vision radicale du pouvoir féminin. Et le styliste belge inscrit son défilé dans une stratégie claire de conquête. Car Kering, propriétaire de Saint Laurent, attend de la maison une nouvelle dynamique de croissance.
Un esprit d’héritage
Vestes épaulées, jupes crayons, coupes strictes, robes à volants et manches ballon. Aucun doute : il s’agit bien d’une collection Saint Laurent. D’entrée de jeu, Anthony Vacarello place sa nouvelle collection sous le signe de l’héritage des années 1980. Une époque charnière dans l’histoire esthétique de la maison. En effet, c’est durant cette période qu’Yves Saint Laurent fait de l’exagération des formes un instrument d’émancipation féminine.
Le styliste de Saint Laurent reprend à son compte cet héritage dès les premières silhouettes. Le cuir sert de trait d’union entre passé et mode contemporaine. Et le créateur belge le traite ici avec des tailleurs revisités et des manteaux oversize. Il joue avec les contrastes entre la rigueur des coupes et l’exubérance des volumes. Même dialogue entre les deux visions de féminité qui s’affrontent. L’une, dure, faite d’un tailleur jupe en cuir noir brillant, avec des épaulettes monumentales. Et l’autre, douce, incarnée par une robe fluide couleur safran aux manches ballon exagérées. Autant d’éléments qui installent un « power dressing » assumé.
Cohérence stratégique entre vestiaires masculin et féminin
Les fidèles de la maison auront remarqué plusieurs éléments déjà travaillés dans le défilé masculin printemps-été 2026 de Saint Laurent. Les couleurs et matières des robes répondent aux chemises pour hommes vues en juillet dernier. Le nœud autour du cou est également présent, circulant d’un vestiaire à l’autre pour entretenir le dialogue. De même, le cuir brillant et les coupes des silhouettes masculines résonnent dans cette collection pour femmes.
On peut y voir une cohérence artistique. Et il est vrai que cette continuité esthétique renforce l’identité visuelle de la maison. Mais il s’agit aussi d’une stratégie bien pensée qui ouvre la voie à de nouvelles opportunités commerciales. Saint Laurent affirme ainsi une proposition vestimentaire globale. Et elle se positionne habilement pour capter l’intérêt des nouvelles générations de consommateurs, moins attachées à la segmentation par genre.
Saint Laurent, une maison dans l’ombre des marques italiennes ?
Saint Laurent est de facto l’une des maisons de mode les plus célèbres au monde. Mais son aura culturelle peine à se concrétiser commercialement. Et dans le giron du groupe Kering, son propriétaire, la concurrence est rude. Sous la houlette de Demna, Gucci devrait redevenir une powerhouse à part entière. Et de son côté, Bottega Veneta a réussi à capitaliser sur son minimalisme désirable.
Dans un tel contexte, Anthony Vacarello doit donc convaincre la critique pour susciter une excellente visibilité à sa maison. Mais il doit aussi délivrer des pièces hautement désirables pour assurer les ventes en boutique. La déclaration d’intention est bien là, avec un vestiaire conquérant. Et Saint Laurent rappelle au passage que ce qui fait sa pertinence culturelle, c’est avant tout sa capacité à proposer des silhouettes en phase avec son temps.
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