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Pris par sa première collection féminine Dior, Jonathan Anderson n’a pas proposé de défilé pour son label lors de la Fashion Week. Mais sa marque éponyme, JW Anderson, reste un terrain d’expérimentation indispensable pour lui. Ainsi, le créateur a lancé fin août sa nouvelle collection. Des vêtements et accessoires de mode. Mais aussi une attention renouvelée aux objets design qui mettent en valeur le savoir-faire auquel il est tant attaché. Jonathan Anderson a notamment collaboré avec Wedgwood, la grande manufacture de porcelaine britannique. Le résultat : une collection qui célèbre le geste des artisans. Et qui impose un peu plus l’aura culturelle de la jeune marque JW Anderson.
Hommage à la céramiste Lucie Rie
La pèce phare qui a donné naissance à cette collaboration est une tasse à café accompagnée de sa soucoupe. Les artisans de Wedgwood ont réalisé cette édition limitée en céramique, dans une teinte subtile de jaspe bleue, ponctuée de rayures blanches. Mais derrière l’apparente simplicité se cache en fait un objet design d’exception. Car cet ensemble donne en fait vie à l’un des échantillons inédits de Lucie Rie, la grande céramiste moderniste du XXe siècle.
Née à Vienne puis installée à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale, Lucie Rie a marqué l’histoire du design. Son approche est à la fois minimaliste et subtile. Les formes épurées dialoguent avec des textures délicates. Et sa vision singulière a contribué à façonner une partie de l’esthétique contemporaine de la céramique.
En ressuscitant des prototypes jamais produits, JW Anderson et Wedgwood signent un hommage à l’héritage de Lucie Rie. Plus encore, il s’agit d’un engagement fort de la part de la marque. Car les bénéfices de la vente soutiennent la toute nouvelle Lucie Rie and Hans Coper Foundation. Cette dernière se consacre à la préservation, à la numérisation et à l’accessibilité des archives. Une manière de prolonger la vision de Rie, entre transmission et modernité.
Les mugs Anderson X Wedgwood : entre vestiges antiques et design contemporain
Dans la continuité de ce projet hommage, Jonathan Anderson a imaginé un duo de mugs avec la manufacture Wedgwood. Un set de deux tasses qui se décline en trois couleurs. Et dont chaque élément est façonné à la main, avec un jeu de contraste sur les teintes : un mug clair, un mug foncé. Leur particularité ? C’est le choix d’un design nervuré, inspiré par un gobelet grec du Ve siècle issu de la collection personnelle du créateur.
Un détail qui n’a rien d’anecdotique. Mais qui souligne au contraire l’approche que privilégie Jonathan Anderson dans son travail. Revisiter un objet ancien, chargé d’histoire, pour mieux le transformer en pièce contemporaine. Ces mugs conjuguent l’élégance intemporelle de l’antique et la simplicité fonctionnelle du design moderne.
Au-delà du produit, on retrouve ici le rôle de passeur culturel que Jonathan Anderson revendique. En puisant dans l’histoire des formes, il crée de nouveaux objets qui enrichissent l’univers de sa marque. Et il confirme un peu plus que le luxe actuel, s’il veut être pertinent, doit s’engager sur le terrain culturel.
Une stratégie de marque ancrée dans le savoir-faire et le patrimoine
Pour cette collection, Jonathan Anderson a choisit de s’appuyer sur l’autorité patrimoniale de Wedgwood, fondée en 1759. De nos jours, elle est reconnue comme l’une des plus prestigieuses manufactures de céramique d’Europe. Wedgwood a bâti sa réputation sur une maîtrise technique exceptionnelle et un sens aigu de l’innovation esthétique. Deux qualités qui résonnent forcément avec la vision créative défendue par Jonathan Anderson.
Ce partenariat illustre une démarche marketing qui dépasse la simple collaboration. Car il s’agit pour JW Anderson d’affirmer sa volonté de faire rayonner l’artisanat. Forte de la notoriété de sa maison éponyme, de son succès critique et commercial chez Loewe, et désormais de sa visibilité médiatique à la direction artistique de Dior, la voix d’Anderson compte. Et le créateur l’utilise pour mettre en lumière des artisans qu’il admire.
À rebours d’un luxe obsédé par le star system et les égéries mondialisées, Jonathan Anderson revendique une autre voie. Celle de la pertinence culturelle. Chez lui, la star reste l’objet. Celui qui incarne un luxe intemporel, ancré dans le geste artisanal. Cette stratégie singulière fait de JW Anderson une marque de mode, mais aussi un acteur culturel à part entière, engagé dans la valorisation du patrimoine et de la création contemporaine.
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