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Aucun Fashion Month n’a jamais fait l’objet d’une telle frénésie. Et pour cause, l’édition 2025 de la Fashion Week de septembre servira de cadre à de nombreuses premières collections. La jeune garde de la mode mondiale prend les rênes des maisons de prestige. Et l’aura patrimoniale des maisons européennes n’a jamais tant rayonné que cette année.
Dans un contexte de « luxe fatigue » et de ralentissement économique, chaque maison doit élever le niveau. Et les propositions créatives se doivent d’être à la hauteur des attentes. Mais la pression se fait aussi sentir pour les maisons qui n’ont pas de nouveaux directeurs artistiques à présenter. Car dans cette course folle à la création, elles doivent démontrer qu’elles proposent, elles aussi, une vision renouvelée de la couture.
La rédaction des Carnets du Luxe vous présente en avant-première les 10 créateurs qui feront parler d’eux lors de la Fashion Week de Septembre 2025.
Matthieu Blazy : moderniser le classicisme de Chanel
Après avoir été le bras droit de Raf Simons chez Prada, Matthieu Blazy incarne aujourd’hui l’esprit contemporain de Chanel. Chez Margiela, puis à la tête de Bottega Veneta, il a cultivé une approche minimaliste et sensible. Chez Chanel, le styliste français devra conjuguer avec le patrimoine couture de la maison, entre tweed iconique et silhouettes fluides.
Blazy n’a jamais cherché le spectaculaire gratuit. Et son talent réside dans sa capacité à sublimer l’intemporel par une modernité discrète. Il est incontestablement le nouveau directeur artistique le plus attendu de cette édition 2025. Et pour cause : la dernière fois que Chanel a fait entrer un créateur venu de l’extérieur, c’était en 1983. Et le recrutement de Karl Lagerfeld a sans contexte marqué l’histoire de la maison.
Demna : le pari de Gucci, entre subversion et patrimoine
Avant Paris et Matthieu Blazy, la Fashion Week de Milan 2025 aura elle aussi droit à son temps fort. Et c’est la première collection de Demna Gvasalia pour Gucci qui attirera tous les regards.
Nous vous avons déjà livré les premiers éléments clés de la première collection tant attendue de Demna chez Gucci. Elle promet un retour à l’esprit subversif insufflé en son temps par Tom Ford. Mais l’enjeu est aussi de revenir aux sources du style Gucci. Demna devra jongler entre audace et respect de l’ADN Gucci si Kering veut réussir ce formidable pari stylistique. La tension entre héritage et modernité devrait être au cœur de ce défilé, qui doit faire oublier les années d’errance de la maison après le départ d’Alessandro Michele.
Meryll Rogge : la sensation mode du moment chez Marni
Moins médiatisée que ses pairs, Meryll Rogge a pourtant un profil idéal pour Marni. Car la jeune styliste belge a travaillé auprès de Phoebe Philo. Et elle apporte à sa nouvelle maison un sens aigu de la couleur et de la silhouette.
Chez Marni, elle devra conjuguer l’excentricité maîtrisée et le raffinement artisanal, qui sont la signature de la maison. Son approche structurée mais ludique promet de dynamiser une marque qui cherche à affirmer sa singularité dans l’univers du luxe contemporain. Premier signe de bon augure : en juillet dernier, Meryll Rogge a remporté le prestigieux Grand Prix de l’ANDAM 2025.
Pierpaolo Piccioli : poésie et radicalité chez Balenciaga
Après les années au style souvent sombre de Demna, Balenciaga s’apprête à passer sous l’égide d’un maître de la couleur. Pierpaolo Piccioli a fait ses classes chez le très respecté Brunello Cucinelli avant de passer par le studio de Fendi. Mais c’est à la tête d’une autre maison italienne de prestige qu’il se révèle pleinement. De 2008 à 2024, il dirige en effet Valentino et y cultive un goût saisissant pour la couleur. Il y collabore également avec Maria Grazia Chiuri, précédemment à la tête de Christian Dior.
L’arrivée de Piccioli à la tête de Balenciaga marque une rupture esthétique. Et elle souligne les ambitions renforcées de Kering pour cette maison d’avant-garde. Entre couture classique et technicité moderne, sa première collection jettera les bases d’un renouveau stylistique forcément très attendu.
Jonathan Anderson : après son défilé pour Hommes, à quoi ressemblera sa femme Dior ?
En juin dernier, Jonathan Anderson a fait mouche aux Invalides, pour son premier défilé Hommes chez Christian Dior. Mais la maison a ensuite fait l’impasse sur la semaine de la Haute Couture. Et depuis, des critiques ont commencé à se faire entendre sur les premiers modèles féminins révélés lors de la Mostra de Venise. Plusieurs égéries Dior ont porté des créations de Jonathan Anderson. Et les réactions ont été pour le moins mitigées.
Alors révolution ou continuité ? Jonathan Anderson arrive chez Dior auréolé de son succès à la tête de Loewe. Mais la marche est haute entre la mode et l’esprit couture. Au-delà du travail de coupe et de volumes, le styliste irlandais doit porter une vision renouvelée de la femme Dior. Son défi ? Trouver un équilibre entre la rigueur architecturale héritée de l’histoire Dior et un esprit plus contemporain.
Dario Vitale : Versace revisite son héritage glamour
C’est l’un des postes les plus prestigieux. Et aussi certainement l’un des plus difficiles. Pour la première fois depuis sa création, ce n’est pas un membre de la famille Versace qui signera le défilé de la maison. Alors la pression pèse évidemment sur les épaules de Dario Vitale.
Mais le successeur de Donatella Versace n’a pas été choisi au hasard. D’abord, c’est bien un directeur artistique italien qui va faire vivre l’héritage Versace. Et ensuite, Dario Vitale est passé par Bottega Veneta et Miu Miu, deux atouts pour maîtriser les enjeux de la couture italienne actuelle. Son premier défilé jettera les bases du style Versace post-Donatella. Et ce sera aussi la première collection après l’annonce du rachat de la marque par le groupe Prada.
Louise Trotter : minimalisme luxueux pour Bottega Veneta
Kering témoigne sa confiance à Louise Trotter en la nommant à la tête de Bottega Veneta. Car pendant que Gucci voyait ses ventes plonger, l’autre maison italienne du groupe français a su au contraire conquérir une clientèle fidèle.
Louise Trotter a débuté sa carrière dans les maisons américaines : Calvin Klein et Tommy Hilfiger. Elle y a cultivé un goût pour le minimalisme non dénué d’une forte créativité. Passée ensuite par Lacoste, c’est finalement à la tête de Carven qu’elle a laissé voir l’étendu de son style riche, mais sans ostentation.
Sa collection devra confirmer sa capacité à poursuivre le minimalisme luxueux de la maison, tout en apportant sa touche personnelle. Une tâche ardue après le travail de Matthieu Blazy, qui a orchestré la montée en puissance de Bottega Veneta.
Michael Rider : Celine, le trait d’union entre Phoebe Philo et Hedi Slimane
Le styliste américain connaît bien la maison Celine. Et pour cause : il y a travaillé à l’époque de Phoebe Philo. En juillet dernier, Michael Rider présentait son tout premier défilé Celine. Et il réussissait l’exploit de réconcilier deux factions esthétiques de la maison : les adeptes du minimaliste chic de Philo, avec les fans à l’esprit néo-rock d’Hedi Slimane.
Si ce tour de force lui a valu les louanges des observateurs, il faut désormais transformer l’essai. Celine, maison du groupe LVMH, peine parfois à rivaliser avec le bruit médiatique généré par les autres géants du groupe, à savoir Louis Vuitton et Christian Dior. Pour rendre à Celine la place qu’elle mérite, Rider devra prolonger le récit de la maison, mais on y injectant une énergie contemporaine. Et sans trahir l’esprit purement parisien de la marque.
Duran Lantink : audace et inclusivité pour Jean-Paul Gaultier
Duran Lantink, connu pour sa créativité audacieuse et son approche inclusive de la mode, hérite d’une maison iconoclaste. Il devra à la fois honorer l’esprit de subversion et de liberté de Gaultier tout en proposant une lecture contemporaine.
Pour y parvenir, le styliste hollandais peut compter sur son goût de l’avant-garde. En 2018, il avait fait sensation en imaginant le pantalon « Vagin » porté par Janelle Monae. Depuis, Lantink a collaboré avec de nombreuses autres artistes américaines pour des tenues de scène, à l’instar de Beyoncé, Doja Cat ou encore Billie Eilish. Autant de collaborations qui ne sont pas sans rappeler le travail de Jean-Paul Gaultier pour Madonna.
Glenn Martens : déconstruction maîtrisée chez Maison Margiela
Il fallait un talent singulier pour succéder à John Galliano chez Maison Margiela. Et c’est donc le styliste belge Glenn Martens qui a la lourde tâche de reprendre le flambeau d’une maison résolument inclassable.
Chez Maison Margiela, l’hybridation, la déconstruction et un certain goût du mystère sont la règle de trois d’un style à nul autre pareil. Véritables œuvres d’art, les silhouettes Margiela ont su se hisser au rang des créations les plus suivies. Et elles incarnent le pan le plus radical de la mode actuelle. Pour son premier défilé Haute Couture, en juillet dernier, Glenn Martens avait impressionné. Mais il doit désormais transposer cette vision de radicalité dans sa première collection de prêt-à-porter.
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