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Le 23 septembre prochain, Demna présentera sa première collection pour Gucci. Après avoir réinventé Balenciaga, le créateur géorgien s’apprête à poser son empreinte sur l’une des maisons les plus emblématiques de la mode italienne. Portrait d’un styliste atypique, dont l’audace et la vision ont bouleversé les codes du luxe contemporain.
Demna, un créateur ovni dans le luxe d’aujourd’hui
Depuis l’annonce de sa nomination à la tête de Gucci, Demna intrigue autant qu’il fascine. Le 23 septembre, il présentera en avance sa première collection pour Gucci. Mais ce rendez-vous ne sera qu’une entrée en matière avant qu’il ne dévoile sa vision complète, au printemps 2026. Pour les observateurs, ce premier défilé sera l’occasion de mesurer la capacité du créateur à dialoguer avec l’ADN de Gucci. L’enjeu : ne pas trahir l’héritage qui a fait la renommée de la marque de luxe italienne.
À 44 ans, Demna Gvasalia a su s’imposer comme une figure singulière du luxe contemporain. Chez Balenciaga, maison patrimoniale aux exigences élevées, il a opéré un repositionnement marquant. Pour ne pas dire clivant. Exit le classicisme pour laisser place à une avant-garde disruptive et désirable par sa radicalité. Ses collections ont souvent surpris, parfois dérouté. Mais elles ont su captiver une clientèle attentive et fidèle. Même confrontée à des difficultés financières récentes, la maison parisienne a retrouvé sa stature parmi les références du luxe. Une preuve que la signature de Demna n’est pas seulement artistique, mais aussi stratégique.
La force du styliste réside dans un style paradoxal. Minimalisme radical et maximalisme conceptuel cohabitent dans ses créations. Et la provocation se conjugue souvent avec le savoir-faire traditionnel. Cette posture, parfois incomprise par la presse ou le grand public, a pourtant séduit le marché du luxe. Un marché dans lequel l’audace est souvent récompensée.
Gucci et Demna : une première collection à venir entre rupture et affinités électives
Gucci, pour sa part, a connu trois âges d’or distincts : la conquête glamour des années 1960, la période Porno Chic de Tom Ford, et plus récemment le baroque flamboyant d’Alessandro Michele. À première vue, Demna semble n’être dans aucune continuité directe avec ces styles. Mais certaines affinités électives existent pourtant. Sa fascination pour la réinvention, et le mélange des références culturelles. Mais aussi la capacité à créer des objets désirables tout en perturbant les codes. Autant d’atouts qui pourraient trouver un écho chez la clientèle de Gucci, dont la fidélité a été mise à rude épreuve ces dernières années.
La confiance de Kering en Demna pour reprendre Gucci est aussi un signal fort. En juillet dernier, le groupe a organisé une grande rétrospective célébrant dix ans de travail chez Balenciaga. L’exposition Demna avait lieu dans l’écrin du siège parisien de Kering. Une mise en lumière qui dépasse le simple hommage, et qui traduit une véritable stratégie. Kering veut donner les moyens à Demna décrire une nouvelle page dans l’histoire Gucci. Et pour cela, le groupe n’hésite pas à souligner la légitimité du styliste grâce au travail accompli chez Balenciaga.
La collection d’octobre ne sera donc pas un manifeste stylistique complet. Mais plutôt une première rencontre entre Demna et les clientes Gucci. Une étape cruciale pour préparer le terrain à la vision du créateur. Car il faudra donc attendre 2026 pour prendre la pleine mesure de ses partis pris artistiques. Demna saura-t-il s’inscrire dans l’histoire Gucci sans perdre son identité créative si singulière ?